Comme pour les antérieurs, la technique de l’arrière-main est la résultante de plusieurs mécanismes. Les jarrets commencent par se plier sous le poids du corps au moment où les épaules commencent à s’élever (fig.31). Le boulet est alors en pleine extension et vient souvent affleurer le sol avec un étirement maximum des tendons suspenseurs. Les jarrets vont ensuite se détendre au moment où l’encolure s’allonge pour tirer l’avant-main vers l’avant et faciliter la mise en jeu des muscles du dos (fig.32). C’est le moment de la poussée maximale et de l’ouverture des leviers de la croupe pour obtenir une propulsion verticale.
L’extension de l’articulation lombo-sacrée et la détente des leviers mis en jeu dans la propulsion verticale vont assurer la qualité du planer au-dessus de l’obstacle.
Les muscles de la zone dorsolombaire vont se contracter pour corriger (peu) la forme du saut, l’encolure va jouer son rôle de balancier et les jarrets vont plus ou moins se plier pour apporter une « touche finale » à la bascule au-dessus de l’obstacle (fig.33 et 34).
L’ensemble de ces mécanismes se traduit par la forme de la parabole du saut, la qualité de l’élévation du sacrum, de la bascule du corps vers l’avant et le mouvement de la partie distale des membres postérieurs (jarrets et boulets) pour éviter de toucher l’obstacle et assurer une bonne réception.
L’évaluation ira de « plate » pour les chevaux ayant une poussée verticale correcte mais pas suivie d’un mouvement de bascule suffisant pour les mettre à l’abri d’une faute, à « ronde » pour les chevaux mettant fortement en jeu leur arrière-main (région lombo-sacrée, jarrets, boulets…) pour assurer la bascule au-dessus de l’obstacle.
Plus la rotule sera en position naturelle avancée par rapport à l’axe allant de la pointe de la hanche au jarret, plus l’ouverture du levier sera efficace en terme de poussée.
Plus le jarret sera large et mieux il jouera son rôle au moment de la poussée initiale.
Comme pour la technique des antérieurs, l’observation du geste de l’arrière-main peut être altérée par des « techniques » (barrage !) et des artifices (guêtres postérieures serrées) qui modifient la perception par le cheval de sa position dans l’espace et exagèrent la bascule, la détente des leviers de la croupe et le rôle des boulets postérieurs.
Outre que ces procédés sont d’une éthique douteuse et qu’ils modifient la perception des dispositions naturelles du cheval (et donc les enseignements que l’éleveur peut en tirer), ils sont susceptibles d’altérer la longévité du cheval en exagérant les contraintes supportées par le dos au planer et par les membres antérieurs à la réception. une bascule exagérée peut poser des problèmes de reprise d’équilibre après le saut.
La précipitation et la mise en jeu de l’instinct de fuite peuvent altérer le geste naturel des membres postérieurs et, pour lui permettre de s’exprimer, il est essentiel d’obtenir la confiance et la décontraction du cheval : cela passe par le respect d’une phase d’échauffement suffisamment longue.
Au final, l’éleveur s’efforcera d’évaluer les prédispositions naturelles par des sauts sur des petits obstacles répétés, en faisant varier l’abord, avant de passer à des sauts sur un plus gros obstacle, avec une barre de réglage.