LE PAX : Introduction et Mode d'Emploi

Ce petit livre n’est pas un ouvrage de plus destiné à vous expliquer les beautés et les défectuosités du cheval. Il en existe beaucoup, et le dernier en date « Le Jugement en Concours d’Elevage » principalement édité par les associations nationales de race sous l’égide de Michel Gaspard et de Brice Elvezi, est excellent !

 

Ce petit livre n’est pas destiné à vous expliquer comment doit être fait un bon sauteur puisqu’il suffit d’aller sur les paddocks des Grands Prix à tous niveaux pour constater immédiatement que les bons sauteurs ne sont pas tous faits pareil !

 

Son but est d’aider le lecteur, amateur ou professionnel, à observer et à décrire un étalon ou une jument le plus objectivement possible, dans sa conformation et sa locomotion mais aussi dans sa manière de sauter et son comportement à l’élevage et au travail.  

 

 

Plus de 50 ans d’immersion dans le monde du cheval et bientôt 45 ans de pratique de l’élevage m’ont enseigné que rien n’est simple, et que beaucoup d’affirmations d’ « experts » peuvent être immédiatement remises en cause par des exemples concrets.

 

Je suis convaincu qu’il n’y a que très peu de caractéristiques morphologiques incompatibles avec une pratique sportive et encore moins qui prédisposent systématiquement à la performance. C’est l’interaction entre toutes ces caractéristiques qui rend la performance plus ou moins possible et prévisible. A ce titre, je vous recommande la lecture (en anglais uniquement) de l’ouvrage « Horse Anatomy for Performance ».

 

Il faut apprendre à regarder le cheval dans son ensemble et essayer de comprendre comment ses caractéristiques physiques et comportementales interagissent pour le prédisposer ou pas à la performance.
De cette compréhension, plus ou moins poussée, le cavalier pourra déduire un programme de travail et l’éleveur un choix de croisement (on pressent bien au passage à quel point il est utile que le cavalier et l’éleveur se parlent à ce sujet…).

 

Certes la part de l’incertitude est forte et le hasard joue bien souvent un rôle essentiel : Kraque Boom est champion d’Europe grâce à la pertinence des choix et des méthodes de travail de son éleveuse, grâce aux circonstances qui l’ont conduit dans les écuries de Kevin Staut, grâce à sa patience, son travail progressif et à la connivence qui s’est installée entre eux et qui ont permis son extraordinaire performance à Windsor, mais également grâce à la faute d’Okidoki sur le n°1 de la manche finale !

 

Pour autant, comme le résumait très bien un membre de notre conseil d’administration : « Ce n’est pas parce que le résultat final est incertain qu’il faut faire n’importe quoi en cours de route ! ».

 

PAX signifie « Programme d’Aide au Croisement ». Son but est d’éclairer l’éleveur dans ses choix d’étalons en lui proposant, dans une première phase, de décrire le plus précisément et complètement possible sa ou ses juments et, dans un deuxième temps, de choisir les caractéristiques qu’il souhaite modifier à la génération suivante, c’est-à-dire chez le poulain.

La phase de description s’intéresse à la morphologie, à la locomotion, à la manière naturelle de sauter et au comportement à l’élevage et au travail. Elle ne peut pas être faite complètement en un jour ; l’observation peut commencer tôt, dès le plus jeune âge pour le comportement en troupeau du poulain et se poursuivre jusqu’à la mise au travail éventuelle chez un cavalier pour le comportement sous la selle.

 

Il est conseillé d’attendre la fin de la croissance pour caractériser la morphologie et la locomotion et de pratiquer plusieurs séances d’entraînement au saut en liberté avant de se prononcer sur les paramètres correspondants. Cette observation peut évoluer dans le temps, notamment si la jument transmet à tous ses produits des caractéristiques différentes des siennes (cela peut être, par exemple, le cas pour la taille).

 

La phase de réflexion impose de savoir quel est son objectif de production : on n’attendra pas forcément les mêmes caractéristiques d’un poulain selon qu’on veuille le vendre sous la mère, à trois ans, ou l’exploiter pour son propre compte.

 

On ne peut pas tout changer à la fois (sauf à changer de jument !) et le PAX propose à l’éleveur de désigner au maximum 5 critères qu’il souhaite faire évoluer en priorité. Ces critères prioritaires seront pris en compte plus particulièrement par le PAX au moment de proposer un choix final d’étalons.

 

Si le choix des 21 critères de locomotion, de saut et de comportement a été assez facile, il a fallu se restreindre au niveau morphologique pour ne pas compliquer trop l’observation et aboutir à des propositions réalistes.

 

Nous avons retenu 23 critères. Certains spécialistes déploreront l’absence de certaines caractéristiques ou la simplification de certaines autres (notamment au niveau des aplombs…). Nous avons fait des choix, avec le conseil d’administration du GFE, en accord avec le Pr. Denoix du CIRALE, que nous affinerons probablement avec le temps. Ils permettent déjà d’éclairer considérablement l’éleveur sur les points de compatibilité entre nos étalons et ses juments, par rapport aux objectifs qui lui sont propres !

 

Pour noter nos étalons, nous nous sommes appuyés sur les caractéristiques transmises à leurs descendants lorsqu’ils sont assez nombreux pour que l’observation soit significative, et en nous basant sur leurs caractéristiques propres lorsqu’ils n’ont pas eu assez de descendants. Ces notations ont été établies sur la base d’avis d’experts, à commencer par les administrateurs du GFE, mais également de vétérinaires, de juges de modèles et allures, et de cavaliers, en France et à l’étranger. Nous proposons actuellement une cinquantaine d’étalons, dont beaucoup des meilleurs mondiaux sur descendance et des jeunes très prometteurs ; ils n’ont pas tous les mêmes caractéristiques et ne conviennent pas tous à toutes les juments. Il serait aussi prétentieux de notre part de donner des conseils aux éleveurs, sans avoir vu leurs juments, qu’il est hasardeux pour eux de se fier aux formules et aux photos des catalogues sans aller plus loin dans la caractérisation des reproducteurs. L’ambition du programme PAX est de contribuer à rationaliser le plus possible ce choix !

 

Les caractéristiques de la jument peuvent être évaluées « à l’œil » ou également en suivant précisément les conseils de ce guide.

 

Il n’est pas nécessaire que tous les critères soient mesurés pour utiliser le PAX. C’est compliqué et parfois impossible, par exemple pour les juments qui n’ont jamais concouru. L’important, pour que le programme fonctionne utilement, est de n’indiquer que ce qui est certain. Des dessins en cours de lecture et des planches illustrées peuvent aider l’éleveur indécis à attribuer sa note le plus objectivement possible.

 

En cas de doute sur un critère, il vaut mieux ne rien mettre et ce critère sera « neutralisé » dans la suite du raisonnement du PAX. Dès lors qu’au minimum 5 critères sont « renseignés », le programme peut se mettre en route. Dans les « trucs et astuces » proposés en fin d’ouvrage, il est même recommandé de faire fonctionner plusieurs fois le PAX en augmentant progressivement le nombre de critères… Le PAX peut servir à choisir un étalon pour une jument, mais aussi, pour les éleveurs qui souhaitent utiliser un étalon précis, à déterminer laquelle de ses juments lui convient le mieux.

 

Notre site Internet est également riche en photos et vidéos pour aider l’éleveur à « noter » sa jument. Dans ce but, beaucoup de ces images sont reprises dans ce but, dans le DVD joint à ce livre. Ce petit livre présente de façon succincte la manière d’évaluer les caractéristiques observées et rappelle brièvement, pour chacune d’entre elles, l’influence qu’elle peut exercer sur le résultat final.

 

Précisons enfin que le PAX n’est qu’un outil parmi d’autres, il ne prend pas en compte par exemple un facteur essentiel du choix de croisements qui est le mélange des courants du sang !

 

La démarche d’éleveur impose de la rigueur et de l’humilité et elle doit procurer du plaisir. C’est dans cet esprit qu’a été conçu ce petit livre. Il vous témoigne du souci du GFE d’accompagner les éleveurs avec un maximum de transparence et dans un souci d’efficacité.

 

C’est donc avec sérieux, plaisir et en tout modestie que nous vous proposons de nous «PAXER… !»