Le garrot et le dos
Président
Le garrot
- La Suspension de la cage thoracique :
La cage thoracique est liée aux membres antérieurs par deux principaux groupes musculaires :
- Les muscles dentelés qui s’attachent à la partie supérieure de l’omoplate (juste en avant du garrot) et soutiennent la base de l’encolure et les huit premières côtes.
- Les muscles pectoraux qui relient le sternum a l’extrémité supérieure de l’humérus et au bord de l’omoplate.
Par leur contraction et leur étirement, ces muscles vont assurer une plus ou moins grande légèreté de l'avant main dans les allures et une plus ou moins grande amplitude du mouvement de la cage thoracique entre les épaules au moment de la frappe à l’abord de l’obstacle et de l’élévation du train antérieur, puis au moment de la réception.
Toutes les contraintes mécaniques absorbées à ce niveau diminuent d’autant celles s’exerçant sur les parties basses des membres.
Le garrot joue à ce niveau un rôle totalement passif. Il « subira » d’autant mieux ces contraintes qu’il sera suffisamment proéminent et qu’un tissu conjonctif abondant protégera les cartilages des omoplates qui se rejoignent à son sommet.
- Élévation et abaissement du dos :
Les apophyses vertébrales qui forment le garrot sont liées au ligament nucal vers l’avant et au ligament supra épineux vers l’arrière.
Lorsque le ligament nucal s’étend lors d’un mouvement d’abaissement de l’encolure, il tire ces apophyses vers l’avant, ce qui étire le ligament supra épineux qui, a son tour, étire les apophyses des vertèbres dorsales (et lombaires dans une moindre mesure), provoquant une remontée du dos et au travail des groupes musculaires du dos.
A l’inverse, si les dos se creuse et contracte le ligament supra épineux, celui-ci tire les apophyses du garrot vers l’arrière, sollicitant le ligament nucal et provoquant une élévation de l’encolure.
Cette mécanique, que nous avons évoquée dans le chapitre sur l’encolure, est essentielle à la musculature de la ligne du dessus, qui s’obtient par le travail longitudinal et latéral de cette partie du corps.
Cette musculation du tronc permet de supporter efficacement le poids du cavalier. Plus le garrot sera proéminent et prolongé, plus son effet sur l’étirement du ligament nucal et du ligament supra épineux sera important et donc efficace en termes de sollicitations musculaires.
- L’emplacement de la selle :
La selle doit être conçue et placée de manière à permettre au garrot tous ses déplacements et déformations sans ajouter de contraintes. Elle vient donc se placer en arrière du garrot pour le laisser dégagé.
Elle doit également être placée de sorte que le centre de gravité de l’ensemble « cheval + cavalier » soit à la même distance de l’épaule et du bassin que le centre de gravité du cheval seul. Le positionnement facilite grandement un travail en équilibre de l’ensemble « cheval + cavalier ».
Cela aide d'avoir un garrot assez proéminent et bien prolongé. Il faut toutefois se méfier des extrêmes : un garrot trop proéminent qui risque plus facilement de se blesser ou trop prolongé, qui amène un positionnement de la selle trop en arrière (sauf à blesser le garrot) et affecte le centre de gravité du couple.
C’est pourquoi le programme PAX recommande, sur une échelle de 1 pour les garrots très courts à 4 pour les plus proéminents et prolongés, une note comprise entre 2.5 et 3.5 pour être dans une zone de confort idéale.
Le dos
Le dos est la région anatomique qui va du garrot jusqu’à la jonction sacro iliaque. Il correspond au segment de la colonne vertébrale composé des 9 dernières vertèbres thoraciques (vertèbres dorsales) et des 6 vertèbres lombaires.
Il s’arrête à l’articulation avec le sacrum qui est composé de vertèbres soudées, contrairement aux vertèbres dorsales et lombaires qui s’articulent entre elles.
Chaque vertèbre est composée d’un corps vertébral d’où partent 3 apophyses : deux apophyses transverses vers les côtes et une apophyse épineuse vers le haut.
Plus le dos sera court, avec des corps vertébraux compacts, plus les sommets des apophyses épineuses seront proches et plus les risques de « conflits » entre ces apophyses à l’occasion des mouvements du dos seront élevés.
Les conflits causent des inflammations qui peuvent être gênantes dans les déplacements et lors du saut.
Les équerres formées à droite et à gauche de la colonne vertébrale par l’apophyse épineuse et les deux apophyses transverses de chaque vertèbre servent de points d’insertion à la musculature du dos dont les plus importants sont le muscle long dorsal et le muscle erector spinae.
Plus elles seront longues et plus le dos sera large et profond et donc en capacité d’accueillir une musculature volumineuse et potentiellement puissante.
C’est l’action combinée des muscles du dos qui provoque ou facilite son abaissement et son élévation.
Plus ces muscles seront longs, à tonicité égale, plus leur contraction et leur étirement seront efficaces.
Ils déterminent l’extension de la partie thoraco-lombaire de la colonne vertébrale et celle de l’articulation lombo sacrée et jouent donc un rôle important dans la forme de la trajectoire.
Les muscles abdominaux, situés sous la colonne vertébrale, s’attachent aux côtes et à la face inférieure des vertèbres lombaires. Ils provoquent l’effet inverse des précédents c’est-à-dire la flexion de la colonne vertébrale et de l’articulation lombo-sacrée.
L’action simultanée de ces deux groupes musculaires antagonistes détermine les contraintes sur la colonne vertébrale au cours de la locomotion et du saut. Là encore, à tonicité musculaire équivalente, la longueur du dos est plutôt un gage d’efficacité.
Cette approche qui conduit à préférer les dos longs doit être modulée par une autre considération : la rectitude du travail.
Le dos, par la flexion et l’extension de la colonne vertébrale permet de coordonner les efforts consentis par l’ensemble des groupes musculaires du cheval pour se mouvoir et pour sauter.
Il est important qu’il puisse travailler de manière parfaitement symétrique et rectiligne à la demande du cavalier.
Pour cela il faudra, en particulier avec un travail d’incurvations, muscler de manière symétrique les deux côtés du dos et en mettant « les épaules en face des hanches » s’assurer que le dos est capable de conduire l’énergie exactement dans la direction voulue par le cavalier.
Comme pour la perche de l’athlète, la rectitude devient de plus en plus difficile à conserver au fur et à mesure que la longueur (et la souplesse) augmentent.
Un « bon dos » est donc aussi souple et long que possible, pour autant qu’il puisse travailler droit !
Les bonnes, longueur, largeur et souplesse du dos d’un cheval sont celles que le cavalier peut maîtriser… !
Au-delà de ces considérations, le PAX graphique s’intéresse à la forme du segment qui relie la base du garrot à l’articulation sacro-iliaque. Si celui-ci est très rectiligne, c’est-à-dire si les pointes des apophyses épineuses sont toutes à la même hauteur, l’amplitude du mouvement d’extension de la colonne vertébrale sera plus grande que l’amplitude potentielle de sa contraction : a longueur de dos égal, le cheval pourra plus facilement l’ouvrir que le courber.
Pour les dos très creux, déjà naturellement ouverts, on observera l’inverse et donc une moindre prédisposition à l’extension c’est-à-dire une moindre capacité à « ouvrir le dos » pour orienter la trajectoire du saut.
C’est pour cette raison que le programme PAX privilégie les dos droits mais sans aller à l’extrême. Sur une échelle de 1 pour les plus creux à 4 pour les plus rectilignes, la « zone de confort » a été fixée entre les notes 2.5 et 3.5.
Il est à noter à ce titre que la forme du dos s’apprécie en tenant compte de l’âge et de l’état de travail du sujet observé.
Le dos d’une jument a tendance à se creuser au fur et à mesure des gestations et de la fonte musculaire. Il faut donc relativiser la notation en tenant compte du contexte.